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La France se renforce face aux drones armés et autonomes

La France renforce sa stratégie contre les drones armés grâce aux leçons tirées des événements internationaux et à des innovations technologiques.

Les menaces posées par les drones armés et autonomes (aériens et maritimes) s’intensifient, comme en témoignent les récents conflits en Mer Rouge et Mer Noire. La France mobilise ses ressources pour contrer ces risques avec une enveloppe de 5 milliards d’euros prévue dans la Loi de programmation militaire 2024-2030. Des systèmes comme E-Trap et Skyjacker, ainsi que des innovations dans le brouillage, illustrent les efforts français pour répondre rapidement et économiquement à cette menace. Ces technologies ont été mises en pratique avec succès lors des Jeux olympiques de Paris 2024, soulignant leur efficacité dans des environnements complexes.

Une menace mondiale croissante

Les attaques par drones autonomes deviennent un défi stratégique mondial. En Ukraine, les frappes russes par drones sont fréquentes, tandis qu’Israël se prépare à des attaques coordonnées par drones et missiles. La Mer Rouge a récemment vu des vaisseaux autonomes de surface (USV) frapper des navires commerciaux et militaires. En parallèle, l’Ukraine a utilisé ces technologies pour endommager la flotte russe en Mer Noire.

Ces événements démontrent que les drones, qu’ils soient aériens ou maritimes, représentent une menace asymétrique capable de contourner les défenses traditionnelles. Leur coût relativement faible — souvent inférieur à 1 000 euros par unité, selon certaines estimations — contraste avec le prix élevé des systèmes de défense conventionnels. Ces attaques nécessitent des solutions défensives économiques, rapides et automatisées.

Une réponse budgétaire ambitieuse

La France consacre une enveloppe de 5 milliards d’euros à la défense sol-air, incluant des systèmes anti-drones, dans le cadre de la Loi de programmation militaire 2024-2030. Ce financement reflète l’urgence de développer des outils efficaces face à ces menaces.

Lors des Jeux olympiques de Paris 2024, les autorités françaises ont mis en œuvre une surveillance anti-drone de 20 000 heures, soit 10 fois plus que celle du Mondial de rugby 2023. Au total, 355 drones non autorisés ont été détectés, conduisant à 81 arrestations. Ces chiffres soulignent la prolifération des drones et l’importance de dispositifs sophistiqués pour assurer la sécurité.

Les innovations françaises : efficacité et économie

Le système E-Trap

Développé par Thales, l’E-Trap est une antenne à haute puissance émettant une impulsion électromagnétique destinée à détruire les composants électroniques des drones. Ce système est efficace contre des drones isolés ou des essaims et offre une solution économique par rapport à l’utilisation de missiles coûteux.

L’E-Trap a été déployé discrètement lors des Jeux olympiques de 2024, démontrant son efficacité en conditions réelles. Son coût de déploiement reste compétitif, bien que les chiffres précis restent confidentiels.

Le système Skyjacker

Co-développé par Safran Electronics & Defense et Hologarde, le Skyjacker détourne les drones de leur trajectoire en manipulant les signaux GPS. Son efficacité s’étend à des portées de 10 km et il peut gérer des essaims de drones dans des environnements terrestres et maritimes.

Le système sera installé sur trois frégates FREMM de la marine française, renforçant les capacités anti-drone en mer. Le coût d’équipement par navire reste estimé à plusieurs millions d’euros.

Vers une automatisation des réponses

La nécessité d’une automatisation accrue pour contrer les drones a été mise en avant lors d’Euronaval. Selon Thales, l’intégration rapide des données radar et leur transmission aux systèmes de neutralisation doit être entièrement automatisée pour garantir des réponses en temps réel.

Cette approche réduit les coûts opérationnels tout en augmentant la précision et la rapidité des interventions. Les radars de nouvelle génération, combinés à des technologies de brouillage comme le Nerod, illustrent cette tendance.

Conséquences économiques et stratégiques

L’émergence des systèmes anti-drones engendre des opportunités économiques significatives. La société MC2 Technologies, par exemple, a déjà exporté 500 dispositifs Nerod vers des pays tels que le Luxembourg, le Japon et la Côte d’Ivoire. Ce marché global est estimé à plus de 12 milliards d’euros d’ici 2027.

Cependant, cette course technologique impose des défis. Les pays doivent trouver un équilibre entre investissement dans la recherche et contrôle des coûts opérationnels. De plus, la prolifération des drones bon marché rend la menace difficile à endiguer, nécessitant des innovations constantes.

Perspectives : renforcer la coopération internationale

La France, tout en renforçant ses capacités nationales, collabore avec ses partenaires européens et internationaux pour partager les innovations. Une coordination accrue entre les États membres de l’Union européenne pourrait accélérer le développement de systèmes standardisés, réduisant les coûts pour chaque pays.

Les événements récents, notamment en Ukraine et en Mer Rouge, soulignent l’urgence d’une réponse coordonnée et proactive face à une menace en constante mutation.

En investissant massivement dans ces technologies, la France ne se contente pas de répondre à une menace immédiate, elle anticipe également les conflits futurs où les drones joueront un rôle central.

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La France et le Royaume-Uni et la chasse aux mines navales par drones autonomes

La France et le Royaume-Uni investissent dans des systèmes autonomes pour la chasse aux mines navales, alliant technologie sonar et lidar pour une meilleure efficacité.

Les marines française et britannique intègrent des systèmes de chasse aux mines basés sur des drones autonomes, visant à réduire les risques pour les équipages en opérant à distance. Ces systèmes, fournis par Thales, incluent des véhicules de surface autonomes équipés de sonar et de lidar. L’objectif est d’assurer la sécurité des eaux tout en minimisant les coûts et les risques humains. La première livraison pour la France est prévue fin 2024, suivie du Royaume-Uni début 2025. Ces solutions innovantes permettent de neutraliser les menaces maritimes tout en diversifiant les capteurs, optimisant ainsi les performances de détection et d’intervention.

Des technologies de chasse aux mines autonomes pour sécuriser les eaux européennes

La France et le Royaume-Uni s’engagent dans une nouvelle ère technologique en matière de défense navale en déployant des systèmes de chasse aux mines entièrement autonomes. Cette initiative, pilotée par Thales, vise à transformer les stratégies de déminage en misant sur des drones de surface et sous-marins. Alors que certaines nations européennes, telles que l’Italie et l’Allemagne, préfèrent maintenir des équipes humaines dans les opérations de déminage, la France et le Royaume-Uni adoptent une approche distante, privilégiant la sécurité des équipages.

Une coopération franco-britannique pour un système sans équipage

Les systèmes autonomes de Thales, destinés à être livrés fin 2024 pour la France et début 2025 pour le Royaume-Uni, permettent aux opérateurs de rester à distance du champ de mines. Ces systèmes comprennent un centre d’opérations portable, des véhicules de surface sans pilote dotés de sonar remorqué et des véhicules télécommandés pour neutraliser les mines. La capacité de navigation autonome de ces véhicules assure une couverture de sécurité efficace, limitant les risques pour les personnels.

Cette stratégie s’inscrit dans une tendance adoptée par d’autres marines comme celles des États-Unis, des Pays-Bas et de la Belgique, qui optent pour des technologies permettant d’éviter le déploiement d’équipages dans les zones à risques.

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La technologie sonar : une précision améliorée pour le déminage

Le sonar remorqué de Thales utilise une technologie de synthèse d’ouverture multi-aspects, qui réduit les faux positifs et améliore l’efficacité opérationnelle. Ce dispositif permet de distinguer les mines réelles des objets non menaçants, facilitant ainsi la prise de décision en situation d’urgence.

L’efficacité du sonar est particulièrement cruciale dans des eaux où les conditions de visibilité peuvent être difficiles. En effet, les capteurs acoustiques sont plus performants pour la détection dans des eaux calmes, contrairement à d’autres technologies qui peuvent être limitées par la turbulence.

Lidar : une innovation pour la détection dans des eaux peu profondes

En complément du sonar, Thales expérimente le lidar pour détecter les mines dans des eaux peu profondes (jusqu’à 20 mètres). Cette technologie, qui utilise la lumière pour détecter les objets, est particulièrement utile dans les couches d’eau turbulentes où les bulles affectent la propagation acoustique. Le lidar peut détecter les mines à la surface, là où le sonar est moins performant.

Les essais menés dans le cadre du programme Peregrine de la Royal Navy démontrent l’efficacité du lidar pour repérer les mines dans la couche supérieure de l’océan, souvent perturbée par les vagues et les bulles d’air. Bien que le lidar ne puisse pas encore remplacer totalement le sonar, il agit comme un complément précieux dans des environnements maritimes variés.

Les défis de la détection par lidar en eaux peu profondes

La détection de mines par lidar implique certains défis techniques, notamment la difficulté d’appliquer suffisamment d’énergie pour une détection fiable. La distance maximale pour le lidar sous l’eau reste limitée à une vingtaine de mètres, ce qui limite son usage à des opérations en eaux peu profondes.

Dans des contextes comme la mer Noire, où des mines dérivent en surface, le lidar présente un intérêt particulier. La précision de la détection visuelle permettrait de réduire les risques et les efforts des équipages qui, actuellement, se fient souvent aux observations à l’œil nu pour repérer les mines flottantes. Le recours au lidar améliorerait ainsi la fiabilité de la détection et la rapidité de la réponse.

Drones sous-marins : une nouvelle capacité pour la marine française

Dans le cadre de ce programme, la France a commandé huit drones sous-marins autonomes auprès d’Exail, une entreprise française. Ces drones, équipés de sonars haute résolution fournis par Thales, mesurent environ 5 mètres de longueur et 47 centimètres de diamètre. D’un poids de 500 kg, ces drones offrent une autonomie de mission de 10 heures et une capacité de plongée jusqu’à 300 mètres.

Ces drones sont destinés à remplacer les capacités actuelles de la France en matière de guerre des mines. Ils contribueront à sécuriser les voies maritimes tout en réduisant le besoin de navires et de plongeurs spécialisés. La livraison des premiers drones est prévue pour le premier semestre 2028, avec une flotte complète de huit drones attendue d’ici 2030.

Une stratégie export pour Thales et le marché des technologies de déminage

Les technologies autonomes de Thales attirent de nombreux acheteurs potentiels, selon le PDG Patrice Caine. Plusieurs pays expriment un intérêt pour cette solution, souhaitant également réduire les risques pour leurs marins. Les exportations de ces systèmes pourraient s’étendre, notamment vers des régions exposées aux menaces maritimes, comme le Moyen-Orient et l’Asie du Sud-Est, où le trafic maritime est dense et où les risques de mines restent élevés.

Avec l’évolution des menaces maritimes, Thales estime que le marché mondial de la chasse aux mines autonomes devrait croître significativement dans les prochaines années. Les estimations indiquent que ce secteur pourrait atteindre plusieurs milliards d’euros, sous l’effet combiné de l’intérêt accru pour les systèmes autonomes et de la nécessité de sécuriser les routes maritimes internationales.

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Les avions de chasse français n’iront pas en Libye

Les avions de chasse de l’armée française ne pourront s’engager sur de nouveaux théâtres, notamment en Libye, que s’ils réduisent la voilure ailleurs, a averti mardi le chef d’état-major de l’armée de l’Air française. Besoins d' »ajustements ». « On ne pourra pas être à la fois au Sahel, au Levant et en Libye », a déclaré le général André Lanata devant l’Association des journalistes de défense (AJD). « L’armée de l’Air (française) est engagée aux limites de ses capacités », a-t-il souligné, avec des missions en Syrie et en Irak. Elle pourrait « sûrement faire des missions de reconnaissance, de frappes » en Libye mais « cela nécessiterait des arbitrages entre les théâtres d’opérations », a-t-il poursuivi. Il faudrait procéder sinon à « de nouveaux ajustements en termes de personnel, de maintien en condition opérationnelle et de formats de la flotte », c’est-à-dire concrètement augmenter les moyens de l’armée de l’Air, a-t-il dit. Pour l’heure, « il n’y a pas de décision politique pour intervenir en Libye », a toutefois souligné le chef d’état-major de l’armée de l’Air. Pour l’instant, des « missions de reconnaissance ». « La seule chose que les armées françaises ont faite ce sont des missions de reconnaissance pour documenter ce théâtre comme il apparaît naturel de le faire quand une zone d’instabilité se manifeste », a-t-il rappelé. Une vingtaine d’avions de chasse sont actuellement engagés sur des théâtres d’opérations extérieurs, sur les 180 que compte la France, a précisé le général. S’y ajoutent ceux mobilisés pour la défense du territoire national, la dissuasion nucléaire et différentes missions, dont la formation des pilotes égyptiens sur chasseurs Rafale. Réductions de postes suspendues. L’armée de l’Air a subi de profonds bouleversements ces dernières années, avec la suppression de 18.000 postes d’aviateurs depuis 2008 et la réduction de 40% du format de l’avion de chasse, a par ailleurs rappelé le général. Le président François Hollande a toutefois suspendu les réductions massives d’effectifs engagées dans les armées après les attentats de Paris en 2015.