F-16 ou Rafale: quel avion de chasse pour la Belgique ?

L’offre de dernière minute formulée, le 6 septembre, par la ministre française de la défense, Florence Parly, pour le remplacement des avions de chasse de la défense belge – un marché de 3,6 milliards d’euros – provoque des remous au sein du gouvernement de Charles Michel. La majorité de ce dernier se divise entre les partisans du F-35 de l’américain Lockheed Martin et ceux du Rafale de Dassault. Un comité ministériel convoqué vendredi 6 octobre a reporté l’examen du dossier. Deux jours plus tôt, de vifs échanges avaient eu lieu entre le ministre de la défense, Steven Vandeput (nationaliste flamand), et des députés qui l’interrogeaient sur son refus de négocier avec Paris. Selon le ministre, le fait que la France n’ait pas remis d’offre véritable, avec un prix et des réponses détaillées à un long questionnaire, exclut de fait le Rafale. Disant s’appuyer sur deux avis juridiques, M. Vandeput estime que poursuivre une discussion avec Paris reviendrait à commettre une infraction aux règles des marchés publics qui exposerait son gouvernement à des sanctions. Un rapport produit récemment par les autorités françaises dément cette analyse. M. Vandeput a aussi été contredit, vendredi, par le vice-premier ministre et ministre des affaires étrangères Didier Reynders (libéral francophone). Il convient de « parler à tout le monde », a-t-il commenté. Un avis partagé par d’autres responsables. D’autant que Mme Parly évoquait « un partenariat stratégique global », avec notamment une participation belge à un projet franco-allemand d’avion de chasse. Paris avait, en fait, remis une lettre à M. Vandeput, à la veille de la clôture de l’offre d’Etat à Etat formulée par la Belgique, jugeant sans doute que les 164 questions posées aux candidats traduisaient une préférence trop marquée pour un appareil américain compatible avec toutes les normes de l’OTAN. Si le consortium constitué autour du britannique BAE Systems a maintenu la candidature de son Eurofighter, le suédois Saab et l’américain Boeing ont, eux, décidé de retirer de la course, estimant, semble-t-il, que les jeux étaient faits. Du côté de la défense belge, on peine à cacher une préférence pour le F-35, coûteux mais jugé plus fiable pour succéder aux 54 F-16 qui devront être remplacés à partir de 2023. « J’en ai marre », a déclaré la semaine dernière M. Vandeput face à des députés qui s’interrogent sur le caractère réellement contraignant de son appel d’offres. Le ministre devra répondre à ceux qui, au sein même de la majorité, jugent l’offre française plus intéressante. Retrouvez les enjeux de la vente de Rafale sur le site de news de vol en avion de chasse.

Nouveau succès du Rafale

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Un contrat pour 24 Rafale et une option sur 12 appareils supplémentaires doit être signé entre la France et le Qatar, le 4 mai prochain à Doha. C’est le troisième succès à l’export en quelques mois pour le chasseur de Dassault Aviation après les contrats signés avec l’Inde et l’Egypte. En football, on appelle ça le « coup du chapeau », quand un joueur marque trois buts consécutifs. C’est ce qu’est en passe de réaliser le Rafale. Selon une information Europe 1, confirmée par l’Elysée, le Qatar se portera acquéreur de 24 Rafale, l’avion de combat de Dassault Aviation. « A l’invitation de Cheikh Tamim ben Hamad Al Thani, le Président de la République se rendra à Doha le 4 mai afin d’assister à la signature des contrats entre les sociétés Dasssault Aviation et MBDA d’une part, et l’Etat du Qatar d’autre part, ainsi qu’à celle de l’accord intergouvernemental qui encadrera la coopération entre nos deux pays », explique l’Elysée dans un communiqué. La présence du fabricant de missiles MBDA laisse entendre que ce contrat incluera des armements. Après la vente de 24 exemplaires à l’Egypte, et de 36 exemplaires à l’Inde, c’est la troisième commande en quelques mois pour l’avion de chasse français. Par ailleurs, Dassault est toujours en négociations avec les Emirats Arabes Unis (EAU). Depuis plusieurs semaines, le gouvernement français – Laurent Fabius (ministre des Affaires étrangères) en tête – annonçait que le contrat qatari était sur la bonne voie. Ni l’avionneur ni l’Etat n’ont confirmé l’information. Ce nouveau contrat serait une bonne nouvelle pour la supply-chain, qui se prépare depuis plusieurs semaines à monter en cadence. Ces contrats pourraient avoir également un impact sur l’emploi des trois principaux fournisseurs du Rafale (Dassault, Safran et Thales) mais aussi sur leurs 500 sous-traitants. Une séminaire à Londres sera organisé dans les jours prochains pour envisager les autres partenariats commerciaux possibles au niveau européen.

Le Rafale aux Emirats Arabes Unis ?

Alors que la France est en pleine discussion sur la vente du Rafale à l’Inde, le prospect d’une vente de l’avion de chasse aux Emirats Arabes Unis pourrait-elle se profiler ? Le ministre de la Défense a indiqué que des discussions étaient en cours entre les deux Etats alors qu’il y a quelques mois, les officiels du pays avaient sérieusement critiqué l’avion de chasse français. Qu’a-t-il bien pu se passer pour que les deux pays discutent de ce programme ? L’un des points de blocages provient des exigences des EAU sur la configuration très moderne de ce Rafale, surnommé « Rafale-9 » en référence aux Mirage 2000-9 achetés par les Emirats Arabes Unis à la fin des années 90. Radar, système d’auto-protection, nacelle de désignation d’objectifs… Tout devait être au dernier cri, avec des capacités supérieures aux Rafale français. Ce qui a un coût. De plus, les EAU demandent à la France la reprise de leurs Mirage 2000-9. Ceci fait beaucoup de conditions, notamment en termes de transferts de technologie, mais aussi purement financier, et particulièrement la reprise des Mirage, qui vient amoindrir le prix de vente et qu’il faudra refourguer ailleurs. En outre, l’Eurofighter Typhoon est encore en lice et cet avion de chasse européen n’est pas écarté pour autant. Et le Royaume-Uni a laissé filtrer en plein salon IDEX un projet de base semi-permanente installée aux Emirats, à l’image de ce qu’a fait la France avec la base d’Al Dhafra. Le timing de cette annonce n’est évidemment pas dû au hasard. Dernier point, le Typhoon a l’avantage d’avoir déjà deux références dans la région, avec l’Arabie Saoudite et le sultanat d’Oman. Pas le Rafale. « Ce sera long et difficile, mais nous sommes confiants », indique-t-on chez Eurofighter. Donc rien n’est fait. Il va falloir convaincre et céder sur des transferts de technologie, et ça, ce n’est jamais réellement bon à long terme.