Étude d’une conversion du moteur du L‑39 vers un turboréacteur occidental : technique, performance, coûts, contraintes.
Remplacer le moteur du L‑39 d’origine par un turboréacteur occidental est devenu un projet concrete chez certains restaurateurs et utilisateurs. Le remplacement vise à améliorer fiabilité, performance, maintenance et conformité aux normes modernes. Remplacer l’avion de chasse d’entrainement L‑39 implique de gérer issues structurelles, interfaces mécaniques, certification et coûts. Ce dossier détaille : pourquoi ce choix, quelles options, méthodes d’installation, effets vol en L‑39 et points de vigilance.
Les motivations d’une conversion
Le moteur d’origine, un Ivchenko AI‑25TL turbofan, offre une poussée nominale d’environ 1 689 daN et un TBO typique entre 500 et 1 000 heures. Son entretien en Europe devient complexe et coûteux. Des ateliers en Ukraine saturés, chaînes logistiques d’approvisionnement incertaines rendent l’exploitation moins fiable.
L’objectif de conversion vers un turboréacteur occidental (Honeywell/ Garrett TFE731 ou Williams FJ44-4M) procure plusieurs avantages techniques : augmentation de la poussée de 17 à 25 % (ex : 3 380 à 4 400 lbf pour TFE731‑3), spool‑up plus rapide (de 9–12 s à 4 s), consommation réduite de 10 à 15 % à croisière, TBO porté à 1 400 h, absence de besoin d’APU, et système FADEC pour régulation optimisée.
Ces améliorations impactent directement la gestion du vol en L‑39 : accélérations plus vives, meilleure montée, capacité d’exploitation en espaces aériens civils, autonomies accrues, coûts de maintenance réduits. Toutefois, gains techniques doivent compenser le tarif élevé de la conversion et les contraintes liées à la cellule.
Les options de moteurs et installations
Trois options principales se distinguent :
- Honeywell/Garrett TFE731‑3 : installation via module East 2 West Aero ou Code 1 Aviation. Le module se monte sur rails AI‑25, conserve raccordements carburant, bleeds et instruments. Poids moteur de 316 kg contre 350 kg AI‑25. Gains de performance cités : spool‑up 4 s, consommation 124 gph vs 145 gph, TBO 1 400 h. Coût : environ 350 000 USD (≈330 000 €) et 6 à 8 mois d’installation .
- Williams FJ44‑4M : utilisé sur L‑39NG. Mêmes avantages avec poussée proche, consommation optimisée, FADEC, certification militaire. Programmé et certifié par Aero Vodochody. Conversion Stage 1 disponible via programme NG.
- P& W JT‑12/J60 / Pratt & Whitney : prévu sur L‑29, moins courant pour le L‑39, retombées performances modestes, mais alternative pour respect de certains cadres techniques.
Les modifications techniques requises
Changer de moteur nécessite adaptations :
- Mécaniques : modification de la section d’admission (élargissement, repositionnement), renforcement de la fixation, équilibre du CG.
- Électriques et systèmes : batteries haute capacité ou turbine, FADEC, interfaces câblage, suppression de APU/RAT.
- Instrumentation : remplacement d’indicateurs analogiques par écrans numériques de moteur, intégration dans CMS avionique.
- Aéro : suppression réservoirs de bout d’ailes, réduction trainée, amélioration autonomie, moins de frottement structurel.
- Certification : pour module TFE731 ou FJ44 via STC ou validation sur base L‑39CW. Tests en vol FAA phase 1 – environ 18 semaines d’essais.
Les gains en performance et exploitation
Sur un L‑39 converti :
- Vitesse : passage de 590 km/h à 740 km/h TAS à 7 600 m.
- Montée initiale plus rapide, plafond utile augmenté.
- Consommation tombant de 550 L/h à ~470 L/h.
- Autonomie prolongée jusqu’à 1 900 km avec réservoirs internes (programme NG).
Performance spool-up plus rapide améliore la réactivité en mission ou interception. Maintenance moins fréquente et maintenance moteur plus simple en Occident réduisent temps au sol. L’absence d’APU économise poids et simplifie le système.
Contraintes et limites de la démarche
La conversion exige :
- Installation coûteuse : 330 000 € à 400 000 € par conversion.
- Temps long : 6–8 mois.
- Nécessité de personnel formé, atelier certifié.
- Nécessité de re-certification, approbation FAA/EASA ou STC locale.
- Ajustements poids et centrage à recalculer.
- Disponibilité de pièces détachées occidentales et contrats logistiques à prévoir.
Malgré ces contraintes, les avantages technique et opérationnel en font souvent une solution rentable sur une période de 5 à 10 ans, particulièrement si l’avion est utilisé fréquemment dans des environnements européens ou nord-américains.

Perspectives pour l’avenir du L-39
Aero Vodochody a lancé L-39NG avec mise en usine du FJ44, démontrant viabilité et fiabilité. Plusieurs dizaines de L‑39 américains et européens ont déjà suivi cette évolution.
L’avenir montrera si une conversion rétroactive sur tous les L‑39 en service devient une tendance générale. Un propriétaire qui exploite intensivement l’appareil peut rentabiliser l’investissement en 200 à 300 h de vol.
La conversion du moteur du L‑39 à un turboréacteur occidental constitue un saut technologique remarquable. Elle transforme la plate-forme d’entrainement en jet fiable, rapide, polyvalent en espaces aériens sophistiqués. Elle aligne les performances du vol en L‑39 sur celles des jets d’affaires de 2e génération.
Ce n’est pas un ajustement cosmétique. C’est une reconstruction lourde qui reconfigure la cellule, les systèmes, l’exploitation. Le coût n’est pas anodin : plusieurs centaines de milliers d’euros. Mais les gains en sécurité, performance, maintenance et légalité justifient souvent le projet.
Le futur du L‑39 passe aujourd’hui par ce type de modernisation. Elle permet à la plateforme de vivre au-delà de sa cellule historique, sous forme technologique plus avancée, dans des contextes opérationnels civil, militaire ou collection.
Vol L-39 vous propose de faire votre vol en avion de chasse L-30 Albatros.